Evgeny Kissin, Joshua Bell et Steven Isserlis partagent la scène pour une rencontre exceptionnelle au Théâtre des Champs-Elysées. Trois légendes de la musique classique, chacune porteuse d’une signature unique, réunies autour d’un programme de chambre d’une intensité rare autour de Rosowsky, Chostakovitch et Tchaïkovski.

Evgeny Kissin, dont la virtuosité ne cesse de fasciner depuis ses débuts précoces, possède une maîtrise technique du piano d’une rare finesse. Son jeu s’impose par la précision de ses phrasés et la profondeur de ses interprétations. Outre sa virtuosité, il sait rendre chaque œuvre d’une grande sensualité sonore, avec une subtilité devenue sa signature. Joshua Bell, violoniste d’une expressivité rare, incarne la quintessence du violon romantique. Son instrument se fait tour à tour lumineux et tumultueux, apportant une dimension émotionnelle singulière. Son phrasé, d’une fluidité impeccable allie rigueur technique et chaleur humaine dans chacune de ses interprétations. Le violoncelle de Steven Isserlis est, quant à lui, d’une sonorité riche, puissante et d’une tessiture infiniment nuancée. Son jeu révèle une sensibilité musicale d’une grande profondeur, où chaque phrase s’exprime avec une clarté presque vocale pour dévoiler un chant profond, poétique et empreint de sagesse. Le programme de ce concert trace un chemin singulier. La Danse fantastique de Solomon Rosowsky, composée en 1907, s’ouvre sur une écriture rythmée et énergique. L’œuvre mêle influences folkloriques juives et structure musicale moderne. Elle offre un jeu de contrastes entre éclats et passages plus légers, tout en restant fidèle à un langage harmonique délicat, propice à la danse. S’ensuivra le Trio pour piano et cordes Op. 67 de Chostakovitch. Composé en 1944, ce trio est l’une des œuvres les plus puissantes du compositeur. Bien qu’écrit dans un contexte historique marqué par la guerre, il ne se limite pas à une simple illustration de la tragédie. L’œuvre navigue entre des atmosphères tendues, des passages sombres et une virtuosité éclatante, révélant une lutte intérieure entre le désespoir et la volonté de résistance. Enfin, le Trio en la mineur de Tchaïkovski, écrit en 1882, nous plonge dans la tristesse d’un adieu. Composé en mémoire de son ami Nikolaï Rubinstein, cette œuvre, empreinte de douleur et de nostalgie, se compose de trois mouvements : une introduction sombre, suivie d’un mouvement central lyrique, avant de s’achever sur une coda plus apaisée. Le trio se distingue par la richesse de ses lignes mélodiques et l’expressivité de son écriture.

Trois instruments, trois légendes, trois voix, un même souffle, pour un moment rare et un concert d’exception.

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